Pour explorer une Terra Incognita comme le cerveau, rien de tel qu’une carte. La première a été patiemment élaborée au début du 20ème siècle en disséquant des cas cliniques.
650… kilomètres ! de vaisseaux sanguins sont nécessaires pour irriguer et alimenter un cerveau humain. Soit la distance Amsterdam-Berlin ! Telle est la folle réponse à la question de notre précédent post.
Et, comme promis, pour poursuivre notre voyage au centre de notre cerveau, rien ne vaut une carte. Son élaboration a pris des… siècles.
Encore aujourd’hui, la cartographie des régions cérébrales, leurs zones d’influence, leurs types d’interactions reste un work in progress en Terra Incognita. Avec une question lancinante : comment fonctionnent réellement nos amis, collègues, clients, nous-mêmes… ?
Pour tenter un début de réponse, téléportons-nous plus de 100 ans en arrière. En 1909, Korbinian Brodmann, neuropathologiste allemand, va y participer par le biais de l'étude histologique de cerveaux de sujets post-mortem. Il a l’intuition que comprendre le cerveau humain, et en appréhender la complexité, nécessite d’établir la «carte géographique» précise de ses zones anatomiques et fonctionnelles. Après avoir observé des cas cliniques, des blessés de guerre, des accidentés du travail, etc, le scientifique va compiler un tas de données essentielles utiles pour percer quelques secrets du cerveau. Tel celui, particulièrement secoué, de Phineas Gage.
Nouvelle-Angleterre, été 1848. Phineas Gage est contremaître de la compagnie de chemins de fer « Rutland & Burlington Railroad ».
Lors d’une installation de voies ferrées dans le Vermont, les roches ralentissent la progression de son équipe. Se frayer un passage va nécessiter l’usage d’explosifs selon un protocole précis.
Creuser un trou dans le rocher, le remplir à moitié de poudre. Y insérer une mèche puis recouvrir d’une couche de sable. Puis, opération très délicate, tasser l’ensemble à l’aide d’une barre de fer d’1m10 et lourde de 6 kilos. Et enfin, allumer la mèche.
Le contremaître et son équipe sont rompus à cet exercice périlleux. Pourtant ce jour- là, distrait, Gage commence à tasser la mine avant que la cavité ne soit remplie de sable. La déflagration est énorme. L’onde de surpression est si forte que la barre de fer s’envole comme une fusée en traversant au passage la joue gauche de Gage, puis l’avant de son cerveau, avant de ressortir par le sommet de son crâne.
Immédiatement pris en charge par un médecin et malgré la gravité de l’accident, Phineas Gage se rétablira « physiquement » en deux mois. Néanmoins, le docteur constatera l’apparition de pulsions animales chez le convalescent et une altération de ses traits de caractère positifs. Alors même que son intelligence, ses capacités attentionnelles, sa mémoire, … sont restées intactes. Constat : les dommages subis par les zones du cortex orbito-frontal ont transformé Gage en un homme impoli, désordonné, sans morale et incapable de décider.
L’observation de nombreux cas cliniques, dont celui de Phineas Gage, a permis au neuropathologiste Korbinian Brodmann, d’établir et publier une première carte du cerveau.
D’après vous, de combien d’aires cérébrales distinctes, chacune correspondant à une activité fonctionnelle spécifique, se compose la nomenclature de Brodmann toujours d’actualité ? Multiple choice : 16 ? 52 ? 0 ?
En conclusion
L’exploration de la complexité du cerveau humain, à travers les siècles et les avancées scientifiques, continue de révéler des insights fascinants sur le fonctionnement de notre cerveau et son impact sur nos comportements.
L'histoire de Phineas Gage et les découvertes de Korbinian Brodmann nous montrent combien notre comportement est intimement lié à l'anatomie cérébrale.
Ces connaissances ne sont pas seulement académiques ; elles ont des implications profondes pour des domaines aussi variés que l'UX Design, la recherche UX, le marketing, et la vente.
Comprendre comment nos cerveaux réagissent aux expériences est essentiel pour créer des produits, des services, et des expériences qui résonnent véritablement avec les utilisateurs.
Plusieurs questions invitant à la réflexion
Comment pouvez-vous utiliser les insights sur les aires cérébrales et leurs fonctions pour créer des interfaces qui facilitent intuitivement l'engagement des utilisateurs et renforcent les comportements positifs ? En quoi la compréhension des zones du cerveau affectées par l'expérience utilisateur peut-elle influencer votre processus de conception ?
De quelle manière les découvertes sur le cerveau et les comportements, comme celles illustrées par le cas de Phineas Gage, peuvent-elles informer vos méthodes de recherche sur les utilisateurs ? Comment les connaissances en neurobiologie peuvent-elles enrichir les personas et les parcours clients que vous développez ?