Bienvenue dans lâempire de nos cinq sens, capteurs essentiels des infos du « monde extĂ©rieur » vers le cerveau. Sur ce terrain, la vue nâest pas celle que vous croyez âŠ
Le moment est venu dâinvestiguer le lien entre les 180 aires fonctionnelles de leur cerveau et le sens du premier terme de lâexpression « ExpĂ©rience Client ». Et oui, nom dâun neurone, câest quoi une « ExpĂ©rience » ?
En latin, « experientia » dĂ©signe lâaction, volontaire ou non, dâacquĂ©rir des connaissances sur les choses, les ĂȘtres et les situations auxquels nous sommes et/ou avons Ă©tĂ© confrontĂ©s.
Une « expĂ©rience » est donc autant lâacte « dâĂ©prouver dans lâinstant » que celui « dâavoir Ă©prouvĂ© par le passĂ© ».
Et pour « éprouver » le monde extérieur, rien de mieux que nos cinq sens et les fonctions cérébrales qui y sont associées.
Le cerveau étant confiné dans notre boßte crùnienne, il ne peut ressentir que via nos organes sensoriels que sont nos yeux, oreilles, nez, langue et peau.
Ceux-ci le renseignent sur le « monde extérieur » et récoltent des infos brutes converties ensuite en signaux électriques envoyés vers les zones cérébrales dédicacées à nos sens.
Toutes nos perceptions ont donc pour origine des flux Ă©lectriques qui, façon chute en cascade de dominos, passent dâun neurone Ă lâautre selon un chemin spĂ©cifique. AprĂšs conversion, ces ondes Ă©lectriques aboutissent aux aires distinctes affectĂ©es Ă la vue, au toucher, au goĂ»t, Ă lâaudition ou Ă l'odorat en fonction du type des neurones stimulĂ©s.
Par exemple, un simple appel téléphonique mobilise des dizaines de fonctions localisées dans des aires cérébrales différentes.
Ce qui soulĂšve une question aussi Ă©trange que fascinante : voit-on avec nos yeux ou avec notre cerveau ?
Depuis lâenfance, on nous serine que la beautĂ© dâun coucher de soleil, les couleurs que nous voyons ⊠sont Ă lâextĂ©rieur de nous-mĂȘmes.
Tous, nous avons mĂȘme lâimpression bien ancrĂ©e que ce que nous voyons avec nos yeux est lâimage fidĂšle de la rĂ©alitĂ© du « monde extĂ©rieur ».
Accrochez-vous : cette illusion est bien loin de la réalité neurophysiologique.
En effet, que ce soit lorsquâils visitent votre site, votre app mobile ou passent un moment dans un de vos magasins, vos clients ne « voient » pas et ne « regardent » pas avec leurs yeux, mais bien avec leur cerveau !
Ce dernier utilise vos yeux comme simple instrument optique pour récolter dans le « monde extérieur » les infos dont il a besoin.
Si « voir » et « regarder » signifient tous deux « percevoir par les yeux », il existe dans le cerveau de vos clients une différence fondamentale entre ces deux actions. Et cette différence est utilisée en Design Comportemental.
« Regarder » rĂ©sulte de lâintention du cerveau de collecter des infos dĂ©taillĂ©es dans une partie prĂ©cise de son champ de vision. Pour cela, le cerveau utilise la vision fovĂ©ale, sorte de capteur Full HD de lâĆil, sur une toute petite portion du champ visuel. La vision fovĂ©ale permet Ă coup dâarrĂȘts ultra-rapides de lâĆil de capturer 3 Ă 4 images par seconde en trĂšs haute rĂ©solution. Pour passer dâun point Ă un autre, les yeux effectuent sans cesse des micro-mouvements brefs et rapides : les saccades (en moyenne 3 par seconde).
A lâinverse, « voir » est un acte passif qui va fournir Ă notre centrale cĂ©rĂ©brale jusquâĂ 100 images par seconde mais cette fois, en trĂšs basse rĂ©solution. A lâaide de la vision pĂ©riphĂ©rique, le cerveau peut couvrir quasiment lâensemble du champ visuel et dĂ©tecter trĂšs vite le moindre mouvement, mĂȘme de nuit.
Je sens que vous voyez oĂč je veux en venir. MĂȘme les plus sceptiques dâentre vous hĂ©sitent Ă dire « mon Ćil ! ». Ăa tombe bien car mon prochain post va vous rĂ©vĂ©ler Ă quel point le monde est flou ! DâaprĂšs vous, quel pourcentage des infos visuelles que vos yeux captent ne sont pas nettes ?
Conclusion
LâexpĂ©rience utilisateur, qu'elle soit anticipĂ©e ou effective, est essentiellement une construction neurophysiologique.
Ce que nous percevons comme la réalité extérieure est en fait un ensemble complexe d'interprétations cérébrales. Prenons par exemple le prix d'un article ou d'un service. Un prix est une illusion, une (re)construction mentale façonnée par des perceptions et des biais vieux de 300 000 ans d'évolution.
Le cerveau, avec ses mĂ©canismes de traitement de l'information, est au cĆur de toute expĂ©rience, dictant non seulement notre perception du monde mais aussi la maniĂšre dont nous interagissons avec lui.
Ainsi, en tant que concepteurs, chercheurs ou spécialistes du marketing, notre défi est de concevoir des interactions qui résonnent avec les processus internes du cerveau pour faciliter et enrichir l'expérience utilisateur.
Quelques questions pour la route
Comment pouvez-vous utiliser la compréhension du traitement neurologique de la vision pour créer des interfaces plus intuitives et plus efficaces ? Dans quelle mesure la distinction entre vision fovéale et périphérique peut-elle influencer la disposition des éléments clés sur une page web ou une application ?
De quelle maniÚre les insights sur la perception sensorielle et le traitement cérébral de l'information peuvent-ils influencer votre approche des tests utilisateurs ? Comment pouvez-vous concevoir des études pour mieux comprendre l'expérience subjective des utilisateurs en termes de perception visuelle et de traitement de l'information ?