🧠 Savez-vous vraiment ce que font vos utilisateurs ou le supposez-vous ?

Les utilisateurs décident avant d'agir ? En êtes-vous certains ?

A San Francisco en 1980, plusieurs personnes participent à une expérience. Placés devant une horloge ne possédant qu’une seule aiguille les participants doivent appuyer sur un bouton au moment où ils le décident.

Seule consigne : ils doivent mémoriser la position précise de l’aiguille sur le cadran au moment où ils ont pris leur décision d’appuyer sur le bouton.

Les scientifiques ont pris le soin d'enregistrer l’activité des neurones du cortex moteur grâce à des électrodes placées sur le crâne des participants.

A l'époque j'avais 12 ans et ce que Benjamin Libert (1) va découvrir va être à l'origine de ma passion pour le cerveau : les neurones du cortex moteur ont été activés jusqu’à plusieurs secondes (2) avant que les participants ne pensent avoir pris leurs décisions.

(a) Le paradigme Libet. Le participant fait une action volontaire et rapporte le moment où il a ressenti le « besoin conscient » de se déplacer, en notant la position du point sur l'écran. Les signaux cérébraux sont mesurés à l'aide de l'EEG et de la synchronisation du mouvement réel par électromyographie (EMG) attachée au poignet.  Source de l'image : Jolyon Troscianko (http://www.jolyon.co.uk).

(b) Potentiels de préparation schématisés à l’aide d’un EEG. Le potentiel de préparation commence à augmenter avant que le participant ne soit conscient de sa décision d’agir.

Imaginez un instant que nous nous trompions et que les pensées des utilisateurs ne soient que le résultat d’une construction mentale complexe dont ils n'auraient conscience que quelques secondes après que leur cerveau ai assemblé les informations nécessaires pour alimenter leur conscience.

Vingt huit ans plus tard, en avril 2008, les neuroscientifiques de l'Institut Max Planck à Leipzig en Allemagne ont confirmé que nos décisions sont engagées par les activités non-conscientes de notre cerveau bien avant que nous ne devenions conscient de notre intention d'agir.

Dans l’expérience qu’ils ont mis en oeuvre, il était demandé à des participants d’effectuer une tâche très simple : appuyer sur un bouton.

Au préalable à l'action les participants devaient décider et communiquer aux scientifiques avec quelle main, gauche ou droite, ils avaient l’intention de réaliser cette tâche. Pendant tout ce temps, les différentes activités du cerveau des participants étaient enregistrées avec un IRMf.

Les résultats découverts par Libert et son équipe sont confirmés avec une technologie plus récente : les décisions des participants étaient prévisibles plusieurs secondes avant qu'elles n'arrivent à leurs consciences.

Autrement dit, quand les participants verbalisaient leurs décisions, leurs cerveaux avaient déjà pris la décision plusieurs secondes au préalable.

Si ces études sont basées sur des tâches très simple, elle soulèvent des questions profondes sur la nature des décisions et actions des utilisateurs.

UX Design Comportemental, la conception d'une expérience n’a rien à voir du tout avec la construction d’un écran

Imaginez la portée d’une telle découverte sur l’expérience utilisateur de l’un de vos supports digitaux. Cela veut dire que les cerveaux des utilisateurs préparent leurs intentions d’action plusieurs secondes avant d’agir !

Ces éléments mettent en avant une réalité toute autre que celle actuellement en vigueur :

En Design Comportemental, savoir comment fonctionne le cerveau est indispensable pour construire une expérience utilisateur efficace.

Et comprendre et mesurer les activités du cerveau permet de construire une expérience utilisateur efficace.

Cerveau, expérience, Design Comportemental, mais finalement quelle est la définition biologique de l'UX ? 

(1) Libet B. Unconscious cerebral initiative and the role of conscious will in voluntary action , Behavioral and Brain Sciences. 1985. 8. p. 529-566.
(2) Haggard P. Human volition : Towards a neuroscience of will. Nat. Rev. Neurosci., 2008. 9. p.934-946.