En quelques annĂ©es sont apparues en abondance, un peu comme des champignons sortant de terre en automne, des armĂ©es dâUX Designer et autres spĂ©cialistes CX.
Des dizaines de livres expliquant les 10 commandements de lâUX, les 33 rĂšgles dâor ou les 150 biais cognitifs de « lâexpĂ©rience client » sont Ă leur disposition.
Avec un panel de 34 millions de formations disponible sur le sujet, les entreprises proposent de hisser leurs collaborateurs au rang dâexpert UX en seulement quelques jours.
A titre d'exemple, cinq jours suffiraient à leur permettre de « maitriser la conception centrée utilisateur (UX) et ses outils » et 3 autres jours pour « concevoir une expérience utilisateur de qualité pour les mobiles et les tablettes ».
Des processus et des méthodologies ont été mis en place ; dont le « Design Thinking », les « Sprint Design » sont les plus utilisés par les entreprises.
Mais alors, comment expliquer quâarmĂ©es de tant de savoirs et dotĂ©es dâescadrons dâexperts UX, les rĂ©sultats business ne suivent pas et que de trĂšs nombreuses entreprises voient Ă©chouer 80 Ă 90% de leurs projets « innovants » ? Il existe clairement un hiatus profond entre thĂ©ories et rĂ©alitĂ© quotidienne des projets.
UX Designer, To Be or ⊠To Be ?
Lâorganigramme, le savoir ou les techniques ne font pas le succĂšs. Ce dernier est presquâexclusivement le fruit ⊠dâun choix Ă©trange entre deux verbes influençant les attitudes au sein de lâentreprise. Les individus et entreprises qui font positivement la diffĂ©rence font passer le verbe ETRE avant le verbe AVOIR. Câest ce tout petit dĂ©tail nichĂ© dans la structure de leurs pensĂ©es qui change tout !
Je vois beaucoup dâentreprises AVOIR une cellule « ExpĂ©rience Client » sans jamais ETRE en lien avec leurs clients et tout en Ă©tant persuadĂ©es de lâĂȘtre. Jâai vu des experts UX AVOIR des donnĂ©es sur les clients sans jamais ETRE en contact avec un seul dâentre eux tout en Ă©tant convaincus de les connaĂźtre.
La vie regorge dâexemples oĂč des entreprises, ONT des experts, ONT des connaissances, ONT des techniques, ONT des outils, ⊠et ne SONT pas pour autant.
Rafael Nadal EST un champion de tennis, à son niveau AVOIR une raquette performante ferait certainement la différence. Par contre, un joueur amateur peut AVOIR la raquette de Rafael Nadal sans jamais ETRE un aussi bon joueur de tennis que lui.
Car croyez-moi Rafael Nadal serait en capacitĂ© dâaffoler les filets avec nâimporte quelle raquette que vous AVEZ dans votre sac, mĂȘme celle que vous jugez la plus mauvaise !
En Design Comportemental, ce que vous savez est beaucoup moins important que la maniĂšre dont vous pensez.
Si vous pensez qu'AVOIR les techniques, les trucs et astuces, voire des tables de commandements pour « faire de lâexpĂ©rience client » sachez quâavec plus de 10.000 ouvrages proposĂ©s sur Amazon autour des expĂ©riences utilisateur et/ou client, le SAVOIR est accessible Ă profusion.
Tapez les mots clĂ©s « User Experience » dans Google et vous obtenez, en un claquement de doigt â 0.55 seconde pour ĂȘtre prĂ©cis â 5.7 milliards de rĂ©sultats.
Si vous ĂȘtes encore en manque dâinfos, les termes « Customer Experience » complĂšteront vos 5.9 milliards dâinformations par quelques 3.6 milliards de nouveaux liens.
A raison dâune minute par lien, vous en avez pour 20.788 annĂ©es de lecture, lâĂ©quivalent de 259 vies. Je sais, ⊠ça calme !
Et si, dans un monde regorgeant de bouquins sur « lâExpĂ©rience Client », de mĂ©thodes UX, ⊠ce que vous savez Ă©tait beaucoup moins important que la maniĂšre dont vous pensez ? La façon dont votre cerveau est cĂąblĂ© pour rĂ©flĂ©chir est bien plus importante que nâimporte quelle technique.
AVOIR des techniques, des bonnes pratiques, des mĂ©thodes, ⊠nâest pas forcĂ©ment nĂ©gatif. Le problĂšme survient lorsque, par ignorance sur le fonctionnement du cerveau, on traite lâutilisateur en prioritĂ© sur le mode de lâAVOIR.
Utiliser lâAVOIR sans lâETRE amĂšne son cortĂšge de mauvais rĂ©flexes tendant à « chosifier » lâHumain, Ă prendre des raccourcis sur celui-ci. Un biais amenant son lot de couacs.
La bonne nouvelle, câest que tout le monde peut participer Ă la conception dâexpĂ©rience positive en travaillant avec quelques bons rĂ©flexes. Ceux-ci permettent, mutatis mutandis, de proposer aux clients des expĂ©riences qui dĂ©potent. Il sâagit bien plus dâun Ă©tat dâesprit Ă retrouver en re-dĂ©veloppant le savoir-ĂTRE, avant le savoir ou le savoir-faire. Une fois cette culture initiĂ©e, les techniques (de pointe) prennent tout leur sens.
Dans le prochain article, parlons un peu du sacro-saint Design Thinking, une autre technique donnant l'impression aux entreprises de FAIRE de l'expérience client.