LâexpĂ©rience client digitale, tout le monde en parle mais les entreprises en font-elles efficacement leur cĆur et leur moteur ?
Les « quatre facettes de lâexpĂ©rience », le framework d'UX Design Comportemental que j'ai crĂ©Ă© en 23 ans d'expertise de terrain, esquissent une rĂ©ponse. Elle implique un changement de mindset et de paradigme des entreprises pour enfin faire du client lâĂ©picentre de toute lâorganisation.
La compulsion de lâunivers entrepreneurial Ă courir derriĂšre lâexpĂ©rience client digitale est, Ă quelques exceptions prĂšs, proportionnelle Ă son illusion de bien la maĂźtriser et la mettre en pratique.
Oui, illusion ! Car crĂ©er un dĂ©partement UX Design, faire des effets dâannonce pour se rendre dĂ©sirables ou « supposer » connaĂźtre ses clients en utilisant les mots « clients » et « expĂ©rience » ne suffiront jamais Ă construire le business model dâavenir dont le client sera le roi. Et mĂȘme la clĂ© du R.O.I. (return on investment).
Les entreprises mettent en place des moyens importants afin de proposer une « expĂ©rience client » efficiente. Elles partent souvent du postulat que les clients savent exprimer leurs besoins, quâils sont au courant de pourquoi ils font les choses, quâils sont parfaitement rationnels, consciemment intĂ©ressĂ©s dans tous les choix quâils opĂšrent, voient toutes les choses quâon leur montre, optimisent les ressources Ă leur disposition de maniĂšre logique, sont cohĂ©rents dans leurs choix âŠ
Pourtant, les sciences comportementales et les neurosciences nous enseignent depuis des décennies que les décisions prises par les clients sont à 80% basées sur des informations émotionnelles.
Lâ « expĂ©rience client » est la comparaison entre ce que le cerveau anticipe comme expĂ©rience et celle quâil vit rĂ©ellement, dans lâinstant.
Pour que lâentreprise propose une expĂ©rience client en adĂ©quation avec ses clients, il est donc indispensable de travailler avec une mĂ©thodologie qui prenne en compte tous ces facteurs.
Lâ « ExpĂ©rience Client » est donc le rĂ©sultat de 4 facettes en interaction constante. Deux facettes sont liĂ©es au quotidien des clients :
Les deux autres facettes sont dĂ©finies par lâentreprise et les collaborateurs :
Pour faire de lâ « expĂ©rience client digitale positive » il est donc nĂ©cessaire dâaligner les 4 facettes entre elles au travers dâun modĂšle qui puisse ĂȘtre utilisĂ© dans toute lâorganisation depuis le top management jusquâaux Ă©quipes opĂ©rationnelles.
Le modĂšle que j'ai Ă©laborĂ© en 23 ans d'expertise de terrain est dynamique et interdĂ©pendant. Aucun projet ne peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© si lâensemble des quatre facettes de l'expĂ©rience ne sont pas traitĂ©es.
AppliquĂ©e aux pratiques de chaque sociĂ©tĂ©, cette grille de lecture peut servir Ă en rĂ©vĂ©ler autant les forces que les faiblesses sur le terrain de lâexpĂ©rience client.
A chaque entreprise de les orchestrer car aucune « expĂ©rience client digitale » digne de ce nom ne peut ĂȘtre rĂ©flĂ©chie et pratiquĂ©e sans sâappuyer sur les quatre boules Ă la fois.
Or, dans la rĂ©alitĂ©, il sâavĂšre que de ces 4 planĂštes de la galaxie UX, celles de gauche sont les plus « visitĂ©es » au dĂ©triment de celles de droite.
En effet, la majoritĂ© des sociĂ©tĂ©s pensent qu'en se concentrant seulement sur la « vision de lâexpĂ©rience » et ensuite de la dĂ©ployer, ils rĂ©pondent aux 4 questions. Alors que, la connaissance des expĂ©riences anticipĂ©es et effectives du client et de ses comportements est la clĂ© pour driver tout le business. La « vision de lâexpĂ©rience » et le « dĂ©ploiement de lâexpĂ©rience » ne portent que sur la maniĂšre et les moyens Ă mettre en Ćuvre pour rencontrer ce quâattend concrĂštement le client.
Pourtant, bien des sociĂ©tĂ©s se focalisent sur une vision artificielle, car partielle et partiale, de lâexpĂ©rience. Elles veulent faire entrer dans leur objectif Ă©conomique un comportement du client espĂ©rĂ©, ou supposĂ©, mais sans disposer de toutes les donnĂ©es utiles.
La cible identifiée reste un « consommateur », alors que le client moderne est au-delà du geste de consommation. Il agit librement, à la carte, en fonction de son expérience attendue et de son expérience effective. Et si cette derniÚre se révÚle négative, il va voir ailleurs.
On sâachemine vers une Ă©poque à « business value » Ă©gale: toutes les entreprises proposent les mĂȘmes solutions/produits, ⊠Face Ă plusieurs fournisseurs qui me proposent le mĂȘme produit ou service, jâirai peut-ĂȘtre chez le moins cher mais sĂ»rement chez celui qui va le mieux me traiter. Car il aura fait un double effort : celui de me simplifier ma vie et celui dâavoir chercher Ă me connaĂźtre en fonctionnant prioritairement suivant les deux facettes de droite.
La meilleure expĂ©rience client ne se dĂ©crĂšte pas, elle se vit, se pense, se rĂ©flĂ©chit. Loin de lâillusion, des prĂ©supposĂ©s et de la mĂ©thode CouĂ©.
Des sociĂ©tĂ©s ont compris lâenjeu, telles Amazon, Netflix, ⊠ou plus proche de nous Rexel Belgique, Nature & DĂ©couvertes, et quelques autres. Cependant, lâaspiration Ă un business model bĂąti Ă partir dâune vraie expĂ©rience client - que les comportements et habitudes de millions de clients valident quotidiennement comme une Ă©vidence commerciale - , a pourtant du mal Ă sâimposer. Les freins qui en entravent encore lâextension sont en effet divers et nombreux.
Un nouveau paradigme basé sur le Design Comportemental
Un tel business model doit jeter ses bases Ă partir des deux facettes de droite focalisĂ©es sur le client. Les deux de gauche ne sont que les outils et moyens (budgets, Ă©quipes, management) nĂ©cessaires pour gĂ©nĂ©rer lâeffet positif induit par la connaissance plus approfondie du client tirĂ©e de lâ « expĂ©rience anticipĂ©e ».
Face Ă ce constat, tout manager devrait intĂ©grer la sage vision suivante : un diamant ne vient pas de ma capacitĂ© Ă avoir les outils pour le tailler mais bien de la pierre brute et de lâart/inspiration de celui qui va le tailler.
Dans ce cas, lâoutil est la capacitĂ© de lâentreprise Ă aligner Ă tous les niveaux autour du paradigme de lâexpĂ©rience client comme business. Non pas, comme on le voit trop souvent en crĂ©ant un dĂ©partement UX plĂ©thorique, Ă efficacitĂ© limitĂ©e, mais bien de faire en sorte que lâexpĂ©rience sâinscrive dans les esprits de chaque collaborateur de lâentreprise.
En effet, lâexpĂ©rience client nâest pas un mĂ©tier mais une attitude, un business model et des techniques que toute lâorganisation doit porter. Son adoption passe par lâĂ©mergence dâun nouvel Ă©tat dâesprit « expĂ©rience client » Ă faire infuser dans tous les services, comme un thĂ© au parfum, au goĂ»t et Ă la saveur unique.
Plus facile Ă dire quâĂ faire car qui, au sein des sociĂ©tĂ©s, connaĂźt vraiment les clients ?
Hormis les personnes sur le terrain, la plupart du temps ni les employĂ©s des services juridiques, financiers, RH, IT et mĂȘme une partie du management ne cernent pas vraiment ces « crĂ©atures » dont dĂ©pend pourtant tout leur Ă©difice commercial.
MĂȘme les employĂ©s des divisions digitales et crĂ©atives chargĂ©es de concevoir des Ă©crans destinĂ©s Ă des « utilisateurs » ne sont que rarement au contact direct de ceux-ciâŠ
Vous voulez tester le niveau de connaissance que vous avez que les comportements de vos clients ? Voici un quizz de 16 questions. A vous de jouer âŠ
Il leur aurait fallu sans doute travailler chez Nespresso dĂ©but des annĂ©es 2000 pour le vivre, quand lâenseigne cafĂ©ĂŻnĂ©e envoyait deux fois par an ses employĂ©s de bureaux en coffeeshop pour y servir le cafĂ© pendant que les vendeurs habituels rejoignaient diffĂ©rents services pour se frotter au mĂ©tier des premiersâŠ
Passer de lâillusion de faire de lâexpĂ©rience client Ă son exercice rĂ©el nĂ©cessite certes des efforts: changer complĂštement de paradigme et dâĂ©tat dâesprit ; donner enfin, aprĂšs des dĂ©cennies Ă penser connaĂźtre ses consommateurs, la prioritĂ© aux facettes de droite plutĂŽt que de gaucheâŠ
Aligner et faire infuser un Business Model UX est avant tout une question de volonté. Et de bonnes résolutions pour changer de paradigme et mentalité.
Voici 7 résolutions pour changer de paradigme et fournir une expérience client digitale positive qui construira la confiance chez les clients.
Mettre l'expĂ©rience client digitale au cĆur des comitĂ©s de direction pour faire infuser dans toute lâentreprise un vrai Ă©tat dâesprit reposant sur le modĂšle UX Design Comportemental des « 4 facettes »
Aligner toute lâorganisation dans le sens quâune vĂ©ritable dĂ©marche UX Design sâengage au dĂ©part des deux « planĂštes » de droite, celles dĂ©diĂ©es au « client » qui initient et dĂ©terminent lâapproche UX. Celles de gauche ne sont que des moyens pour la rĂ©aliser.
ArrĂȘter de vouloir faire du Waouw ! Dans leur communication, beaucoup de sociĂ©tĂ©s se font mousser « UX » pour se rendre dĂ©sirables. Mais sans avoir la faisabilitĂ© et la viabilitĂ© nĂ©cessaires. Aligner ce qui est vantĂ© aux clients sur une rĂ©elle faisabilitĂ© est la clĂ© de la viabilitĂ©.
En finir avec le rÚgne des suppositions étayées par pas ou peu de vraies données sur les comportements réels des clients.
Simplifier ses process et la vie du client, en se mettant Ă sa place et en connaissant le mieux possible ce quâil vit et dĂ©sire (le plus souvent non-consciemment).
Modifier ses arbitrages budgĂ©taires. Sur 1000 euros investis par exemple dans la crĂ©ation dâune appli ou dâun nouvel Ă©cran, 990 euros sont gĂ©nĂ©ralement aspirĂ©s par la technique, lâIT, la gestion de projets, la mobilisation dâĂ©quipes, le brainstorming, les « focus group »âŠ. Et 10 euros, Ă la conception de lâappli ou de lâĂ©cran. Cet effet trou noir budgĂ©taire nuit au dĂ©veloppement dâune vraie expĂ©rience client. Et nĂ©cessite un rĂ©Ă©quilibrage de lâĂ©quation des couts gauche/droite. Car des 990 euros engloutis par les techniciens, le client nâen a que faire. Car pour lui les 10 euros investis Ă droite reprĂ©sentent 100% de lâexpĂ©rience quâil va vivre.
Enfin, faire appel aux sciences comportementales et aux neurosciences, car la connaissance profonde de lâutilisateur/client passe par des techniques de pointe que les sociĂ©tĂ©s ne maĂźtrisent pas.