Tout part de l’enfance … Alors, autant s’en servir. La mienne a fait naître ma passion pour l’ « expérience utilisateur ».
J’étais paralysé.
Avant chaque rĂ©crĂ©ation, l’inquiĂ©tude montait en moi. J’avais 11 ans. Une peur panique me saisissait Ă l’idĂ©e de devoir passer une demi-heure dans la cour avec les autres Ă©lèves. La raison ? Je ne comprenais rien Ă leurs comportements alors que je rĂŞvais de jouer avec eux.Â
Ayant beaucoup de difficultĂ©s Ă m’intĂ©grer Ă un groupe, je me rĂ©fugiais dans mon univers avec un compagnon indispensable, mon carnet de notes. J’y consignais ma stratĂ©gie m’ayant permis de gagner, depuis mes 9 ans, chacune de mes parties de Stratego. Vous savez, ce jeu dont le but est de s’emparer du drapeau adverse, une des 40 pièces formant, sur un champ de bataille en carton, l’armĂ©e de chacun des deux joueurs. J’adorais ! Les pièces placĂ©es dos Ă l’adversaire, chaque joueur ignore la valeur des pièces ennemies… Un peu comme j’ignorais comment m’y prendre pour faire partie d’un groupe.Â
Seule solution pour percer l’identité et la force des pièces adverses ? Analyser leurs mouvements et comportements. J’appliquais cette technique de déduction aux faits et gestes de mes camarades pour élaborer une stratégie d’approche. Malgré une tonne d’efforts, j’avais bien du mal !
Franck, mon beau-père psychologue, identifia le premier la nature du mal avec lequel je me débattais depuis des années : « trouble de la communication sociale pragmatique ».
Ma particularité? Là où tout autre enfant communiquait naturellement sans savoir comment, moi je me focalisais sur le comment mais sans savoir communiquer.
Ma seule chance de survie sociale fut de me forger ma grille de lecture du monde et des comportements humains.
Franck expliquait Ă l’enfant que j’étais son savoir en psychologie cognitive et me dĂ©fiait dès que possible aux Ă©checs. PlutĂ´t que de jouer avec des copains lors de mes temps libres, je me frottais aux Ă©quations qu’il m’avait prĂ©parĂ©es et que je brĂ»lais de rĂ©soudre. Les pièces de mon puzzle — Ă©nigme en anglais — des comportements humains ne cessèrent de s’emboĂ®ter de mon enfance Ă ma vie d’adulte.Â
Cette souffrance de jeunesse fut le déclic et le fil rouge qui m’amenèrent à placer la compréhension des comportements humains au cœur de mes préoccupations quotidiennes.
Un jour, j’ai rĂ©alisĂ© que mon « trouble de la communication sociale pragmatique » m’avait offert la chance d’agrĂ©ger des faits et phĂ©nomènes que la majoritĂ© des entreprises semblaient ignorer ou nĂ©gliger sur les motivations et les façons de « consommer » de ces ĂŞtres Ă©tranges que sont leurs « clients ».Â
Fort de cette expertise atypique et unique, je crĂ©ais en 1997 ma sociĂ©tĂ© qui m’a fait vivre de plus près et avec une intensitĂ© dĂ©cuplĂ©e ces questionnements enracinĂ©s en moi dès la prime enfance.Â
Et vous, d’où est né votre intérêt pour l’ « expérience utilisateur » ?